Berlusconi chez Kaddafi
(L'intelligent settembre 2004)

Depuis le 1er juillet, plus de mille cinq cents clandestins ont débarqué sur les côtes de Lampedusa. Beaucoup d'autres ont péri en mer avant d'atteindre cette île située au sud de la Sicile. Cette situation dramatique a pris une telle ampleur que le président du Conseil italien Silvio Berlusconi a interrompu ses vacances en Sardaigne pour effectuer un voyage de quelques heures en Libye. Arrivé le 25 août à Syrte, il a examiné avec le leader libyen Mouammar Kaddafi les moyens d'enrayer ce phénomène.
Il Cavaliere a insisté sur la nécessité de mettre en application, dès le 15 septembre, l'accord bilatéral conclu le 4 juillet 2003, qui prévoit l'établissement de patrouilles mixtes de surveillance (navales, aériennes et terrestres), sur le modèle de la coopération en vigueur avec l'Albanie. Le président du Conseil italien a également évoqué la possibilité d'ouvrir, en Libye et dans les autres pays du Maghreb, des « guichets européens » destinés à recueillir les demandes d'asile politique et d'immigration légale, ainsi que des « centres d'accueil temporaires », installés dans des tentes et des préfabriqués. Pour assurer la surveillance de leurs 2 000 kilomètres de côtes et de leurs 4 000 kilomètres de frontières intérieures, les Libyens, qui estiment que les Subsahariens présents sur leur territoire sont près de deux millions, ont besoin de radars, de vedettes et d'hélicoptères. Or ils restent sous le coup des sanctions leur interdisant l'achat de matériels militaires. Berlusconi devrait donc se faire l'avocat de Tripoli auprès de ses homologues européens afin de hâter la levée de cet embargo. Il devrait aussi accélérer le règlement des réparations exigées par la Libye pour les pertes subies durant l'occupation italienne (1911-1943). Comme pour rappeler à son hôte les engagements de son pays contenus dans l'accord de 1998 portant sur ces réparations, Kaddafi lui a offert un vieux fusil qui avait été pris par les moudjahidine libyens aux soldats italiens durant la bataille d'Al-Qardabiya, en 1915.

Ridha Kéfi